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DE CHARYBDE EN SCYLLA

3 HOMMES VOULURENT CONSTRUIRE L’EUROPE

L’Empereur n’a pas le temps à consacrer à autre chose qu’à la construction de l’Europe. Une Europe qu’il conquiert, de victoire en victoire, d’Austerlitz à Iéna.

Un court instant, en 1807, offusqué de voir Alger accorder avantages et droits à ses ennemis anglais, il caresse l’ambition de s’emparer de cet asile de pirates. Il conçoit un plan de campagne, ingénieux comme toujours, pour prendre Alger en débarquant à l’ouest, dans la presqu’île de Sidi Ferruch. Boutin, chargé de l’étude de cette campagne, séjourne à Alger et rédige un mémoire très circonstancié qui assure l’Empereur de la victoire.

Mais Napoléon doit régenter l’Europe. Cette Europe  qu’il a conquise au prix  de milliers de morts, mais qu’il veut apporter à sa patrie comme un trophée.

Il imagine la France dominante, comme un phare, ce grand continent. Et il consacre son énergie à ce projet, présent sur tous les champs de bataille, ne comptant plus ses victoires, jusqu’à la coalition et au désaveu qui provoque sa chute. L’Histoire lui a rendu un hommage mérité et la France le vénère, aujourd’hui comme un grand homme.

D’autres, après lui, devaient ressortir le mémoire de Boutin des archives poussiéreuses et appliquer le plan de Bonaparte pour conquérir Alger et créer, de toutes pièces ; ce magnifique pays que la France a nommé Algérie.

Un autre chef d’État européen voulut, lui aussi, beaucoup plus tard, se rendre maître de l’Europe, mais il n’avait pas la grandeur d’âme de Napoléon. Son action était entachée d’ambition personnelle, de ressentiments, et d’une idéologie fondée sur le racisme odieux. Il fut le premier à agir, sournoisement, à travers micros et caméras, sans prendre de risques pour sa précieuse personne alors qu’il  méprisait l’humanité au point de commettre à l’encontre du peuple juif un ignoble, un infâme, un abominable génocide. Insensible aux cris de ses victimes, il rêvait d’une Europe assujettie par la terreur à une Allemagne qui dominerait celle-ci, comme un phare.

Il fut  abattu par la coalition des alliés de la France, mais aussi par l’arrière-garde de celle-ci, l’Armée d’Afrique, venue au secours d’une Mère Patrie écrasée sous la botte hitlérienne.

Mais, pour un troisième ambitieux, le projet changea quelque peu. Charles De Gaulle, ayant gardé un mauvais souvenir de sa reddition, à Douaumont, préféra fuir en Angleterre plutôt qu’être à nouveau, prisonnier. Lui, aussi, comprit l’importance de la radio et des micros. Tandis qu’en France, les résistants combattaient et, bien souvent, se faisaient massacrer, lui bien à l’abri, à la B.B.C., lançait son fameux appel du 18 juin !

Ceci allait lui permettre, sans jamais affronter le feu,  sans s’illustrer sur les champs de bataille comme un Leclerc de Hautecloque  ou un de Lattre de Tassigny, sans même être averti de la date  du débarquement allié, de se hisser, insidieusement, par un habile subterfuge à la tête de notre pays et de faire don, , non pas de sa personne à la France comme Pétain, mais de la France à sa personne.

Quand il se retira, une première fois désavoué, nous savons quelle était la situation de notre pays.

Malgré cela, pendant sa traversée du désert, l’homme du 18 juin, ayant semé, dès 1945, en Algérie, les germes de la discorde par une répression disproportionnée aux émeutes de Sétif, ne désespéra pas de prendre, un jour, l’hexagone comme tremplin pour réussir où Napoléon et Hitler avaient échoué en devenant le premier Président d’une Europe qui aurait pour phare ni la France, ni l’Allemagne, mais Charles De Gaulle.

Dès novembre 1954, l’Algérie eut à subir l’offensive de terroristes armés par des nations étrangères et hostiles et il fallu toute la diplomatie et toute l’habileté d’un proche du Président Laquière, le Président Ali Chekkal, Vice-président de l’Assemblée algérienne, qui m’honorait de son amitié, pour faire reconnaître à l’O.N.U. que l’Algérie faisant partie intégrante de la France les événements d’Algérie étaient les affaires intérieures de la France.

Petit de taille, mais grand d’esprit, ayant un sens de l’honneur hors du commun,  Ali Chekkal devait tomber, victime d’un terroriste, lâchement assassiné alors qu’il se trouvait aux côtés du Président Coty.

Malheureusement, les atermoiements des différents gouvernements français fournirent une seconde chance à De Gaulle, en 1958, lorsque, dans un grand élan de patriotisme, l’ensemble des Français d’Algérie, toutes ethnies confondues, appelait au pouvoir un homme d’honneur et de confiance pour garder leur terre à la France.

L’ermite de Colombey se présenta comme tel et s’engagea, alors, à la face du monde. Il affirma à ce peuple qui l’accueillait comme un sauveur que ; « de Dunkerque à Tamanrasset, la France comptait 55 millions de Français », il assura que « l’Algérie était une terre française, organiquement et pour toujours ! » il cria  « Vive l’Algérie française ! »

Alors qu’il investissait son honneur et celui de la France dans cet engagement qu’il avait l’intention de trahir, nous avons appris, depuis peu, de son propre aveu, par l’ouvrage d’Alain Peyrefitte « C'était De Gaulle » qu’il « finassait » (!) avec la vie de nos compatriotes, des jeunes soldats français, de l’écrasante majorité des musulmans fidèles mais, surtout avec l’œuvre immense accomplie en Algérie par nos aînés et qui faisait la grandeur de la France.

Pendant quatre ans, il a continué à faire tuer des milliers d’hommes, affichant un mépris de la vie humaine à donner la nausée, poursuivant, toujours, son rêve intérieur et fou, prêt à ériger son piédestal européen sur le sang de ces victimes innocentes sacrifiées à sa machiavélique ambition.

Femmes et enfants torturés, égorgés, soldats français émasculés, décapités, Harkis abandonnés aux mains de vos bourreaux, sur quel autel avez-vous été immolés ?

Celui de l’intrigue, mais aussi celui de la haine imbécile et raciste de l’homme dont les propos, qui suivent, seraient, aujourd’hui, sanctionnés par les lois Toubon sur le racisme :

« Qu’on ne se raconte pas d’histoires ! Les musulmans, vous êtes allé les voir ? Vous les avez bien regardés, avec leurs turbans et leurs djellabas ? Vous voyez bien que ce ne sont pas des Français ! /…/ Essayer d’intégrer de l’huile et du vinaigre. Agitez la bouteille. Au bout d’un moment, ils se sépareront de nouveau. Les Arabes sont des Arabes. Les Français sont des Français. Vous croyez que le corps français peut absorber dix millions de musulmans qui demain seront vingt millions et après-demain quarante ?

Non, ces Français musulmans, De Gaulle ne les a pas intégrés, il a préféré les laisser massacrer.

Il a raté, aussi, son élection européenne et n’a réussi qu’à provoquer, en abandonnant l’Algérie, le déclin de la France et son envahissement par une immigration nuisible qui croit que tout lui est dû ici.

                                                                                                                                         Joseph HATTAB PACHA