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Le jour où, par amour, l’Algérie toute entière est venue s’offrir à la France

 

Je ne peux évoquer le 13 mai sans rendre à César ce qui lui appartient. Le Président LAQUIÈRE m’avait demandé, le 8 mai, de participer à une réunion à la Mairie de Saint-Eugène où j’ai rencontré le Colonel THOMAZO accompagné de deux officiers et deux civils.

Cette délégation venait demander au Président LAQUIÈRE de prendre la tête d’une grande manifestation populaire et patriotique, imposée par les atermoiements gouvernementaux. Sa présence, affirmait-on devait permettre le succès de l’entreprise, car plusieurs tentatives avaient déjà, lamentablement, échoué.

Le Maire de Saint-Eugène accepta, spontanément puis me demanda si je pouvais obtenir la participation de la Casbah. Je l’ai assuré de mon total soutien, sollicitant, le concours de l’Armée afin de rassurer ces pauvres gens, déjà terrorisés et malmenés par la rébellion.

Notre lieu de rendez-vous fut fixé à Bab-El-Oued, devant le cinéma « Le Majestic ». Le Président LAQUIÈRE, que j’avais l’honneur d’accompagner, circulait en tête de cortège, dans une Jeep découverte. Au fur et à mesure que nous avancions, la manifestation s’amplifiait. Les gens arrivaient de toutes parts et les drapeaux français fleurissaient, comme par enchantement, dans les ruelles de la Casbah. La ferveur populaire avait gagné tous les cœurs, ce qui nous valu les félicitations de M. DELBECQUE.

Dans les jours qui suivirent, le Président LAQUIÈRE fut nommé Président du Comité de Salut Public de Saint Eugène et fus placé au même poste pour la Casbah.

Puis, nous apprîmes, un peu plus tard, que le général De gaulle présenté comme seul capable de sauver l’Algérie Française, avait été appelé au pouvoir.

Le Président LAQUIÈRE et moi-même avons bien essayé de mettre le peuple en garde contre « le sauveur désigné » en nous adressant à la foule du balcon du Forum. Mais les comploteurs veillaient, les micros furent coupés et, peu après, nous fûmes destitués de nos Présidences respectives.

Par la suite, présentant le subterfuge comme une rénovation, on a déclaré morte « L'Algérie de Papa » dans le seul but de remplacer les hommes compétents, tel que Raymond LAQUIÈRE, par une jeunesse inexpérimentée et  facilement manœuvrable.

Ce fut ainsi que commença l’agonie de l’Algérie Française : par un faux engagement, un incroyable subterfuge et des promesses, clairement exprimées qui ne devraient, jamais, être tenues.

L’avenir a confirmé nos craintes. Ainsi emballée, l’Algérie ne pesait plus très lourd et depuis, un aréopage d’Historiens sans scrupules a dirigé et déféqué cette fête de la fraternité, au mieux comme une mise en scène, au pire comme une illusion... perdue, naturellement. 

                                                                                                                             Joseph HATTAB-PACHA