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LE TEMPS DES BATELEURS
Au Moyen Age, lorsque les bateleurs dressaient leurs tréteaux, les pousse-bois quittaient leurs échiquiers pour s’assembler autour d’eux, les fenêtres des maisons s’ouvraient et le temps s’arrêtait pour les passants fascinés par ces quelques larrons qui jouaient de la pantomime jusqu’à faire jaillir dans la foule, des éclats de rire à crever le ciel !
Qu’il fasse une chaleur à périr, ou que les flocons de neige piquent les visages comme des insectes glacés, tous restaient figés devant ces acteurs capables d’imiter les personnages les plus divers et de transformer, par la gesticulation, les rois en pourceaux, les prélats en satyres et les ministres en autruches…
Les folies, les extravagances, le ridicule des grands du monde étaient si bien rendus par ces baladins, que la foule des manants en oubliait ses misères et riait à gorges déployées devant ces acrobates, danseurs, chanteurs qui se démenaient comme des forcenés pour faire à eux seuls, cinquante personnages, capter les torrents du haut des montagnes, le murmure des eaux, le sifflement du vent et le fracas du tonnerre…
J’imaginais qu’au 21ème siècle, il était impossible de trouver des artistes aux talents si multiples, capables de dépeindre même le silence par les sons. Je me trompais. De nos jours, les bateleurs dressent leurs tréteaux face à l’Obélisque et je vous assure que le spectacle vaut le déplacement.
Ainsi se tenait à l’Assemblée Nationale, le jeudi 10 février dernier, en deuxième lecture, le débat sur la loi portant reconnaissance des Français rapatriés… Reconnaissance de quoi, de cette autre dimension de la France à laquelle, depuis quarante-deux ans on nous interdit de rêver ou reconnaissance du crime qui nous a arrachés à ce continent qui nous colle toujours à la peau ?
Sur son demi-perchoir, M. Jean le Garrec donne l’image d’un homme qui sort d’un profond sommeil, d’une longue distraction. De toute évidence, le sujet ne le passionne pas. C’est d’une voix morne qu’il invite à s’exprimer, M. Hamlaoui Mékachéra, Ministre délégué aux Anciens Combattants.
Celui-ci vient de chez nous. Comme nous, il porte la blessure d’un déracinement. J’attends, moi… Je rêve… Je guette cette parcelle infinie d’émotion qui suffira à déclencher en moi une symbiose avec l’orateur. Mais un Ministre ne se laisse jamais perturber par l’émotion.
C’est en professionnel, se conformant strictement aux ordres reçus, que M. Mékachéra rendit hommage à M. Kert. Il affirma que lorsque le texte serait en vigueur, les rapatriés prendront la mesure de l’effort consenti pour « trouver l’équilibre entre les attentes de nos compatriotes, les contraintes budgétaires et ce qui relève du domaine de la loi » (sic)
L’équilibre, chose aussi délicate qu’essentielle parce que, sans équilibre, on perd pied et on s’écroule. Notre équilibre s’est rompu lorsqu’on nous a jetés, comme du lest, au flanc des bateaux…
Mais l’équilibre entre les contraintes budgétaires, la loi et notre attente ?… Je ne comprends plus, il me semble que ma raison s’égare. Que suis-je venue faire devant ces tréteaux où les bateleurs modernes opposent des contraintes budgétaires à notre soif de réparation morale ?
Quelle loi prévaut sur les Droits de l’Homme ? Il me semble que la Déclaration des Droits de l’Homme du 26 août 1789 précisait, en son article 2 que « Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l’homme ». Et l’Homme, dans cette affaire, c’est vous, c’est moi, c’est l’ensemble des communautés qui composent le monde rapatrié.
Et M. Mékachera continue, en pesant ses mots. Il affirme que « cette loi représente un moment historique ». C’est-à-dire, le moment où la France reconnaît l’œuvre accomplie en Algérie : Qu’y a-t-il là de bien nouveau ? Cette œuvre incontestable et inaliénable, de toute évidence, n’existait-elle pas de longue date ? Avait-on vraiment besoin d’une loi pour la reconnaître ?
Miracle ! Applaudissez ! Le Ministre va plus loin … Quelle gratitude infinie devrons-nous éprouver pour ce Gouvernement qui reconnaît notre tragédie, le drame de notre « rapatriement » ! Comme si nous ne l’éprouvions pas, depuis quarante-deux ans dans notre cœur et dans notre chair ! Comme si nous avions pu, en ces quarante-deux longues années d’exil, faire le deuil de nos disparus, oublier nos frères massacrés, ces hommes, ces femmes, ces enfants qui n’ont pas plus compté pour le Chef de l’État français de l’époque que des pièces détachées qu’on déversait à pleins tombereaux dans les charniers !…
Mais la générosité gouvernementale ne s’arrête pas là… Elle n’a pas de bornes … Voyez ce Ministre qui, si gentiment, fait le pas de courtisan devant son roi… Et vous, calculateurs et ambitieux, ne lui emboîterez-vous pas le pas, ne danserez-vous pas de cent manières, les unes plus viles que les autres, pour exprimer votre satisfaction ?
Car les largesses du « roi » Chirac ne s’arrêtent pas là ! « Elles auront des suites concrètes et durables » affirme le Ministre. Dès 2006, on va vous construire, à Marseille, un beau Mémorial d’Outre-Mer, où l’on mélangera, à foison, tout ce qui, de près ou de loin, a pu représenter l’Empire, pour mieux noyer l’Histoire de nos départements d’Algérie, un peu comme, là-bas, on mélangera, dans des fosses communes, et des lieux inconnus, les dépouilles de vos êtres chers, de façon à faire disparaître toutes traces de ces quatre générations de pionniers qui ont construit un pays là où il n’y avait que terres arides, violence et misère. Soyez heureux, ici on pose la première pierre d’un théâtre de guignol, là-bas, les bulldozers sont prêts à faire table rase du passé…
Ce n’est pas fini ! Où s’arrêtera la mansuétude du prince ? Une Fondation pour la mémoire est en cours de constitution. A qui fera-t-on appel pour la diriger ? A Joseph Hattab-Pacha, à la fois acteur, témoin et personnage historique ? Non ! On aurait, tout comme dans les médias, trop peur de l’éloquence qu’il tire de notre malheur commun ! Ne rêvons pas, le préfet honoraire Benmébarek procède actuellement à la préfiguration tandis que l’arrière-petit-fils d’Hussein Dey, qui porte en lui la mémoire d’un peuple conquis, assimilé et attaché à la France, passe à la trappe.
Gageons qu’on verra ressortir de derrière les fagots, l’incontournable Benjamin Stora et quelques autres gaullistes bon teint qui s’évertueront à maintenir solidement la chape de plomb.
Vous n’êtes pas satisfaits ? Vous jugez, tout comme moi, qu’on nous emprisonne toujours à l’Ile du Diable, malgré le tonitruant « J’accuse » du Président de VERITAS ? Vous en concluez, tout comme moi, que rien ne change et que l’on nous traîne inlassablement dans la boue du déshonneur en nous collant encore et toujours la même étiquette de fascistes, aventuriers, assassins, afin que le crime de l’abandon soit camouflé par notre propre indignité ?
Alors, rassurez-vous : pour vous faire avaler une potion aussi amère, il faut bien vous préparer quelques petites gâteries d’ordre pécuniaire : « C’est l’ampleur des moyens financiers ». Plus d’un milliard d’euros dont 311 millions pour les Pieds Noirs et 700 millions pour les Harkis.
Sur ce point, je ne ferai aucun commentaire. Pour moi, aucune aumône, même substantielle, ne me guérira du spectacle de l’effondrement de mon pays, de ces deux entités qui n’en faisaient qu’une, l’Algérie et la France. Autour de moi, j’ai vu s’écrouler tout ce qui avait bâti les fondements de la vie, tout ce qui donnait un sens à ma vie.
Je croyais à la solidarité nationale et, sur cette terre qui est celle de mes ancêtres, à quelques rares exceptions près, je n’ai trouvé qu’indifférence. Je croyais à la démocratie et je n’ai jamais trouvé autre chose que comédie ou même, hélas, tragédie, au moment où celui qui discourait avec le plus d’emphase, sur l’Homme, l’a lâchement abandonné, avec l’hypocrite complicité de ceux qui, actuellement, se taisent.
Alors les oboles n’ont vraiment aucune prise sur moi. Ce que j’aurais voulu, ce que du fond de mon âme, je souhaite depuis quarante-deux ans, C’EST QUE NOUS NE SOYONS PLUS CONSIDÉRÉS COMME DES PROSCRITS.
Nous, le dernier bastion, les sincères, les désintéressés, nous ne voulons plus supporter cette monstrueuse injustice qui a fait de nous des coupables alors que nous étions victimes !
Plusieurs députés nous l’ont fait sentir… Pas de repentance, pas de reconnaissance de la responsabilité de l’État… Nous n’en voulons pas à l’État. Sous De Gaulle, il n’y avait pas d’État. Quand on fait voter une Constitution par le peuple, et qu’ensuite, délibérément, on la viole, il n’y a plus d’État, il y a une monocratie dirigée par un monocrate. Et tous, Ministres, Sénateurs, Parlementaires, Préfets, craignant sa colère et sa vengeance, deviennent ses esclaves soumis !
C’EST BIEN CE QUI S’EST PASSÉ ET QUE VOUS REFUSEZ ENCORE D’AVOUER !
Pour conclure, nous voulons poser à ceux qui se prétendent les gardiens des trois bases fondamentales de la République, Liberté, Égalité, Fraternité, à ceux qui sur ces fondements, font et défont les lois, ces interrogations sur lesquelles butent, jusqu’à l’obsession, nos cœurs et nos raisons :
• Quand accepterez-vous enfin de reconnaître la première des vérités de notre drame ?
• Quand respecterez-vous nos libertés et notre droit à la justice ?
• Quand cesserez-vous d’amalgamer égalité et opportunité ?
• Quand fonderez-vous enfin la fraternité sur la solidarité ?
• Quand arrêterez-vous de confondre mensonge et vérité ?
• Quand reconnaîtrez-vous enfin la responsabilité pleine et entière, non pas d’une France muette, servile et abusée, mais celle du monocrate CHARLES DE GAULLE ?
C’est là notre seule attente et jusqu’à notre dernier souffle, nous combattrons pour l’obtenir.
                                                                                                                                                            Anne CAZAL

Le CDFA-Veritas mène aujourd'hui une plainte contre X pour crime de guerre et crime contre l'humanité. Notre plainte est en cours.
 
Nous sommes contraints d'épuiser tous les recours en France avant de pouvoir saisir la Cour Européenne des Droits de l'Homme, ou nos brillants avocats ont la ferme intention de faire rétablir la vérité historique sur l'Algérie Française et nous faire rendre justice !
 
Aussi mes chers compatriotes, après 57 longues années d'attente, il est temps de se lever, vous qui souhaitez cette victoire tout autant que nous, je vous invite à nous rejoindre et mener avec nous cet ultime combat ,en adhérant au CDFA-Veritas. Ce n'est qu'ensemble que nous pourrons gagner et parviendrons à faire éclater la VÉRITÉ HISTORIQUE, soyez-en assurés !
 
                   Alain AVELIN
          Président du CDFA-Veritas